J’ai été guidée pour participer à un cercle de Femmes sur l’écriture en juin 2016, organisé par Laurence de la Plume Sauvage. Nous avions quelques exercices dont celui de laisser parler notre voix, notre âme. Exercice, ô combien difficile pour moi !!!
J’avais beau me centrer, essayer de faire le vide, …. rien n’y faisait, pas un mot sur le papier. Et puis Laurence me conseille le dialogue, d’entamer une conversation.
Ok pour la conversation que j’espère n’être pas qu’un monologue.
» – Hou, hou, il a quelqu’un ? Ohé … Je ne comprends pas, je n’entends que du silence, du vide, de l’écho.
Echo, écho, écho.
Toc, toc ! …
C’est impossible, je ne peux pas être faite que de vide ? J’aimerai te trouver, t’entendre. Je t’ai laissé la parole ce matin lors de l’exercice du chant, je me suis tue pour toi. Alors qu’attends-tu pour te faire entendre ?
– Je suis là.
– Pardon ? Est-ce un son que j’entends ?
– Je suis là, au fond, tout au fond. Loin, très loin.
– Je t’entends à peine, juste un souffle. Parle plus fort.
– Je suis là. Je ne peux pas parler plus fort. Ecoute-moi, penche-toi plus vers moi. Si en plus tu ne fais pas l’effort de m’écouter. Tu m’ignores depuis tant d’années. Je suis dans le silence depuis tant de temps que j’ai perdu mon essence, ma raison d’être. Ma voix s’est éteinte doucement au fil du temps. Je me suis recroquevillée pour me protéger.
Oui protéger ! De quoi ? Je ne sais pas, de tout, de toi, des autres.
Je comptais sur toi, je te faisais confiance, mais toi, très vite, tu m’as lâché, abandonné. Très vite, tu ne m’as plus écouté.
Ecouté, écarté … voilà, tu m’as écarté de ta vie.
Et tu m’as remplacé, remplacé par autre chose qui n’est pas l’Essentiel.
Essentiel, tu as remplacé ton essence par du superficiel !
Essentiel – Superficiel – Ciel. «
Où est passée ma voix ?
J’en ai une dans ma tête. Et cette voix-là, je la sais là, elle répond lorsque je l’appelle, elle sait être tonitruante, cinglante, blessante, dure.
Mais aujourd’hui, ce n’est plus elle que je veux écouter, entendre, dont je veux me nourrir.
Elle n’est plus mon essentielle, mon ciel. Elle n’est pas à moi et ne l’a jamais été. Alors je la remercie d’avoir été là, de m’avoir protégé, de m’avoir servi, de m’avoir défendu. Elle peut se reposer désormais.
Aujourd’hui, je suis partie à ma recherche, je me suis perdue.
Je ne dois pas être très loin, non juste quelque part, enfouie sous quelques coussins moelleux et doux.
Je ne peux pas être partie, ni abandonnée, ni trahie. J’ai laissé ce soin aux autres. Mais pour me retrouver, il me faut m’entendre.
Comment est ma voix ?
Pour l’instant, dans ce moment, je me l’imagine. Parce que l’entendre, pas encore, trop tôt.
Elle est trop timide et mes oreilles avaient pris l’habitude de cette voix claquante et sèche. La douceur, mes oreilles n’entendent pas encore. Mes yeux ne voient pas encore. Tous sont bien trop conditionnés.
Alors voyons, comment aimerai-je que soit ma voix ?
Un timbre doux, chaud comme une boule de coton qui caresse la joue, chaude comme le corps de son bébé contre soi et parfumée. Une voix qui sente bon la vanille et la cannelle. Sucrée comme une barbe à papa.
Douce, douce mais ferme à la fois. Une voix qui connait sa voie.
Comment faire pour entendre ma voix ?
Bon, je viens d’essayer et ce n’est qu’un murmure dans le vent. Un murmure couvert par le bruit de la pluie. Bon sang, même les gouttes d’eau dans les arbres font plus de bruit.
Je vais devoir éteindre quelques appareils, passer sur off plusieurs boutons. Et tendre l’oreille, la tendre enfin.
Où est passée ma voix ?
« – Bon alors, on réessaye ? Hou, hou il y a quelqu’un ?
– Je suis là, oui.
– Tu es ce souffle ? Cette douce mélodie ? C’est toi ?
– C’est moi, oui. Mais enlève donc encore ces peurs au dessus de moi, tu entendras mieux.
– Des peurs ? Mais non, il n’y en a plus. J’ai travaillé sur moi. Il n’y en a plus, j’ai fait ce qu’il fallait. Si je ne t’entends pas, c’est toi qui ne fais pas d’effort. C’est toi qui te cache encore.
– Elle est bien bonne celle-là ! TU es responsable de ta surdité.
– Bien ! Question : Ai-je à craindre quelque chose de toi ?
– Non, je ne te veux aucun mal, que du bien. Tu es ma priorité. ton bien-être et ton bonheur sont mes seuls priorités.
– Crois-tu que nous allons faire bon ménage et nous entendre ?
– Tu ne trouveras jamais de meilleure amie ou compagne que moi.
– As-tu des projets sympas pour l’avenir ?
– Même dans tes rêves les plus fous, tu n’as pas imaginé ce qui t’attends si tu choisis de faire la route avec moi. «
Où es passée ma voix ?
Pour organiser une rencontre, je suis partie à sa recherche. Je ferme les yeux et je rentre en moi.
Dans ma tête, je n’ai rencontré que des mecs sur des vélos qui pédalent comme des fous.
Pas facile de se frayer un chemin dans mon cou, tout est encombré.
Dans mes bras, des câbles qui articulent mes doigts.
Et puis, plus bas, une salle immense. Une double porte fermée à clé. Pour l’instant, je n’ai pas cette clé.
Je prends alors un couloir qui descend, qui descend.
Si je continue de descendre, encore deux câbles qui articulent mes jambes et mes pieds.
Mais en revenant sur mes pas, une porte. Derrière cette porte, un paysage magnifique, le soleil haut dans le ciel qui déverse des gouttes d’or. Et ma voix est là, quelque part dans ce paysage. Elle y a trouvé un refuge en attendant qu’un jour, je parte à sa recherche.
Il faut que je la trouve parce que je viens de comprendre que c’est elle qui a la clé de cette double porte.
La porte qui mène à mon coeur.
Alors, je vous laisse. Je fais mes bagages et je vais la retrouver.